Pour chacun d'entre nous, il existe un lieu particulier qui nous a construit. A chaque retour, on y opère une sorte de rituel qui permet de reprendre ses marques, d'y réinventer un territoire. Chaque retour est lui aussi différent. La marque du lieu s'atténue avec le temps.

 

Les souvenirs aussi se font moins présents, plus épars. Certains disparaissent ou s'enfouissent au creux de notre être. Pourtant, cette mémoire est notre base, toujours en mouvement, composés de fragments hétérogènes.

 

Chaque évènement vécu se dépose lui au creux du corps. Ainsi nous sommes constitués d'autant de couches qui façonnent notre mode d'être au monde. Se souvenir de ces évènements pour les maintenir à distance, pour avancer, pour se déplacer.

 

Un chemin donc, toujours en mouvement, en expansion, à partir de lui-même, qui se construit dans la durée de façon parcellaire et hétérogène, dans une patience et une attention toujours renouvelée, comme autant d'approches en direction de l'effort d'être. Je suis une passante, mon corps est le lieu du passage des évènements.